SNEL, quand l’électricité éclaire la crise de gouvernance

La Société nationale d’électricité (SNEL), censée être le cœur énergétique de la République démocratique du Congo, s’enfonce une fois de plus dans une crise de gouvernance qui met en lumière les fragilités de l’État. Le Conseil d’administration réclame la révocation de son Directeur général, Fabrice Lusinde, accusé de mauvaise gestion, d’insubordination et d’opacité financière.

Le spectre d’un scandale récurrent

Il y a deux ans déjà, l’Assemblée nationale avait exigé la révocation du même dirigeant, pointant les mêmes griefs. Mais l’inaction des autorités avait étouffé le dossier. Aujourd’hui, le conseil d’administration revient à la charge, documents à l’appui, dénonçant des décisions illégales, un climat de tension interne et surtout des pratiques de gouvernance jugées « indignes » d’une société nationale stratégique.

Les révélations sont graves : double salaire, avantages indus, absence de transparence, comptabilité non informatisée et des opérations financières non justifiées estimées à près de 200 millions de dollars. Dans un pays où des millions de Congolais vivent encore dans le noir, cette gestion approximative de l’électricité nationale est une gifle sociale et politique.

Une crise qui dépasse la SNEL

La situation de la SNEL n’est pas un cas isolé. Elle illustre un mal plus profond : la difficulté chronique de l’État congolais à imposer discipline et transparence dans ses entreprises publiques. Tant que les sanctions tarderont à tomber et que les gestionnaires défaillants resteront en poste malgré des preuves accablantes, la confiance des citoyens et des investisseurs dans le secteur public restera minée.

L’urgence d’un nouveau leadership

Le président du Conseil d’administration, Luc Badibanga, appelle à « un nouveau leadership capable de relever la société ». Ce cri est plus qu’une doléance institutionnelle : il s’agit d’un avertissement national. L’électricité n’est pas un luxe mais une condition de développement. La RDC ne peut prétendre émerger si son entreprise-phare de production et distribution d’énergie reste prisonnière de la mauvaise gouvernance.

Le gouvernement est désormais interpellé. Laisser perdurer cette crise reviendrait à cautionner l’inefficacité et à compromettre toute réforme du secteur énergétique. Réformer la SNEL, c’est réformer l’État dans sa capacité à gérer le bien commun.

En définitive, le dossier Lusinde doit être une occasion de vérité : soit la RDC choisit de protéger les intérêts d’un individu, soit elle assume le courage politique de sauver une entreprise stratégique et, à travers elle, l’avenir énergétique de toute une nation.