Qatar-RDC : 21 milliards USD d’investissements, entre promesse et vigilance


La République Démocratique du Congo vient de franchir une étape majeure dans sa politique d’ouverture économique. Ce 2 septembre 2025, la Première Ministre Judith Suminwa Tuluka a accueilli une délégation de haut niveau conduite par Sheikh Mansour Bin Jabor Bin Jasim Al Thani, membre de la famille régnante du Qatar. À l’agenda : une lettre d’intention pour un investissement colossal de près de 21 milliards USD.

Rarement la RDC aura suscité un tel intérêt. L’ambition est claire : toucher plusieurs secteurs stratégiques agriculture, pêche, élevage, gestion des déchets, infrastructures, santé et industrie pharmaceutique, finances, cybersécurité, mines, hydrocarbures, formation professionnelle. Bref, tout un éventail qui dessine les contours d’un partenariat dit « gagnant-gagnant ».

Mais derrière l’enthousiasme des chiffres, se posent des questions de fond. Car si la RDC est bien une « terre d’opportunités », elle est aussi un pays confronté à des défis persistants :

  • un climat des affaires fragile, marqué par la bureaucratie et l’instabilité réglementaire ;

  • des infrastructures insuffisantes pour accueillir des investissements de cette envergure ;

  • et surtout, la crainte récurrente de contrats opaques qui profitent davantage aux investisseurs étrangers qu’au peuple congolais.

Judith Suminwa a rassuré ses hôtes qataris, promettant un accompagnement et un climat compétitif. C’est un signal politique fort : celui d’une RDC qui veut rompre avec l’isolement et attirer des capitaux pour relancer son développement.

Cependant, l’expérience nous enseigne que les promesses d’investissements spectaculaires doivent être accueillies avec prudence. Car la réalité des décaissements diffère souvent des annonces tapageuses. Le véritable test ne réside pas dans la signature de MoU (Mémorandums d’entente), mais dans la concrétisation sur le terrain, dans les villages, les villes et les poches des Congolais.

Si ce projet se matérialise, il pourrait transformer des pans entiers de l’économie congolaise, créer des emplois massifs et renforcer la souveraineté nationale dans des domaines sensibles comme la sécurité alimentaire ou la cybersécurité. Mais s’il s’évanouit comme tant d’autres, il ne restera qu’un épisode de plus dans l’histoire des illusions perdues.

Le défi est donc double :

  • Pour le Qatar, tenir parole et investir réellement.

  • Pour la RDC, garantir transparence, suivi et équité afin que les milliards annoncés se traduisent en progrès tangibles pour la population.

La balle est désormais dans les deux camps. À nous, Congolais, de rester vigilants pour que cette « bonne pêche » pour Judith Suminwa devienne aussi une bonne récolte pour la Nation entière.

Journal OWANDJI