L’or congolais : entre embellie internationale et défi de gouvernance
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Lingots bruts d’or congolais, symbole d’une richesse naturelle stratégique. Entre hausse des cours mondiaux et lutte contre la fraude, l’or reste au cœur des enjeux économiques de la RDC. |
Le prix de l’or poursuit sa progression sur les marchés internationaux. Pour la première semaine de septembre 2025, un gramme s’échange à 108,71 USD, contre 108,1 USD la semaine précédente, soit une hausse de 0,56 %. Ce mouvement haussier confirme une dynamique positive déjà observée en août, où les fluctuations, bien que modestes, se sont avérées constantes.
Ces chiffres pourraient sembler techniques, mais ils traduisent une réalité lourde de conséquences pour la République Démocratique du Congo. Car au-delà des mercuriales, l’or représente un levier majeur des recettes nationales. En 2024, la RDC a exporté 27,9 tonnes d’or, générant environ 1,5 milliard USD de recettes.
En 2025, la dynamique se poursuit avec des signaux encourageants. La société DRC Gold Trading SA a exporté plus de 1.057 Kg d’or artisanal au premier semestre, provenant de sites tels que Kalemie (302,5 Kg), Kindu (447 Kg), Buta (221,6 Kg), Bunia (74,1 Kg) et Isiro (12,5 Kg). Ces chiffres témoignent des efforts entrepris pour assainir la filière aurifère, longtemps gangrenée par la fraude et la contrebande.
Sur le front industriel, Kibali Gold domine largement le secteur. Avec 19,55 tonnes d’or exportées entre janvier et septembre 2024, cette société représentait 88,2 % des revenus aurifères. Les royalties perçues par l’État ont atteint 27,8 millions USD au premier trimestre 2024, contre 25,5 millions un an plus tôt – une hausse imputable non pas à l’augmentation des volumes (–8 %), mais à la flambée des cours mondiaux (+37 %).
Ces données soulignent un paradoxe : la RDC dispose d’une manne aurifère considérable, mais sa captation par le Trésor public demeure limitée. L’essentiel des gains se concentre dans les mains de quelques opérateurs industriels, tandis que l’artisanat aurifère, bien que dynamique, reste insuffisamment encadré et valorisé.
L’enjeu est donc clair :
- renforcer la traçabilité de l’or artisanal pour sécuriser les recettes ;
- rééquilibrer la fiscalité entre grands acteurs industriels et petites coopératives ;
- investir dans la transformation locale pour capter davantage de valeur ajoutée.
L’or, en tant que valeur refuge mondiale, continuera de jouer un rôle clé dans les équilibres économiques. Mais pour la RDC, il ne suffit pas de suivre l’évolution des mercuriales. Il faut transformer cette richesse en moteur de développement inclusif, afin que chaque hausse de prix à Londres ou à Dubaï se traduise par un mieux-être tangible dans les villages aurifères du Haut-Uélé, du Maniema ou du Tanganyika.
Car l’or ne doit pas seulement briller dans les statistiques : il doit aussi éclairer l’avenir du peuple congolais.
Journal OWANDJI