Café robusta : une embellie internationale, un défi local
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Le café robusta, richesse agricole de la RDC : entre hausse des cours mondiaux et défi de structuration de la filière locale. |
Le prix du café robusta vient de bondir de 14,8 % sur les marchés internationaux, atteignant 4,73 USD le kilogramme contre 4,12 USD la semaine précédente. Une hausse spectaculaire qui confirme la vitalité de ce produit agricole stratégique pour plusieurs économies du Sud, y compris la République Démocratique du Congo.
Pour notre pays, où le café robusta reste l’un des piliers historiques des exportations agricoles, cette évolution aurait pu sonner comme une bonne nouvelle. Elle ouvre en théorie la perspective d’une amélioration des recettes en devises, à un moment où l’État cherche à diversifier ses sources de revenus hors du secteur minier.
Cependant, la réalité est plus nuancée. Car si la demande mondiale progresse – tirée par la reprise des importations en Asie et en Europe – l’impact direct sur les producteurs congolais demeure limité. La raison ? Une chaîne de valeur encore peu structurée, marquée par le manque d’infrastructures de collecte, de transformation et de certification. Les paysans vendent souvent leur production brute à bas prix, faute de coopératives fortes et d’un réseau logistique efficace.
Cette situation prive les petits producteurs de l’effet bénéfique immédiat de la flambée des cours. Pire, elle alimente le paradoxe congolais : être riche en ressources mais pauvre dans les retombées. Pourtant, cette hausse des prix internationaux peut servir de signal d’alerte et d’opportunité stratégique.
À moyen terme, elle devrait encourager une relance progressive de la caféiculture dans des provinces comme le Kivu, l’Ituri ou encore la Tshopo. Mais cela ne pourra se concrétiser qu’avec :
- des investissements massifs dans la transformation locale, pour capter plus de valeur ajoutée ;
- des politiques publiques claires pour structurer les coopératives et protéger les producteurs ;
- des infrastructures adaptées pour faciliter l’accès aux marchés extérieurs.
Ainsi, la flambée du café robusta est bien plus qu’un simple chiffre dans les mercuriales internationales : elle nous rappelle que la RDC a les moyens de redevenir une puissance agricole régionale, si elle choisit de miser sur ses paysans et de bâtir une filière café robuste, intégrée et compétitive.
Le temps des opportunités perdues doit céder la place à celui des stratégies gagnantes. Car au-delà du prix du kilo, c’est l’avenir de la souveraineté économique congolaise qui se joue.
Journal OWANDJI