Franc Congolais : sept réformes pour sortir de l’ombre du dollar
Dé-dollariser l’économie congolaise : voilà le cœur du projet. Mais derrière ce mot souvent galvaudé se cache une réalité complexe. Comment convaincre un commerçant de Goma, de Kinshasa ou de Lubumbashi d’accepter le FC quand il craint que sa valeur fonde comme neige au soleil ? La réponse réside sans doute dans l’ensemble des leviers annoncés.
La mise en place d’une chambre de compensation en dollars, l’émission de titres publics libellés en FC, ou encore la création d’un véritable marché des capitaux sont autant de signaux destinés à restaurer la confiance. L’introduction du crédit hypothécaire en monnaie locale, associée à des politiques de logement et de sécurité sociale, pourrait quant à elle donner au FC un rôle concret dans la vie quotidienne des Congolais. Enfin, l’installation d’une raffinerie d’or à Kinshasa ne serait pas seulement un symbole de souveraineté économique : elle pourrait ancrer la monnaie nationale dans une valeur tangible, adossée aux ressources du pays.
Pourtant, il serait naïf de croire que ces réformes suffiront par décret à faire aimer le Franc Congolais. La monnaie est d’abord une affaire de confiance et de crédibilité. Elle ne se décrète pas, elle se mérite. Sans discipline budgétaire, sans lutte acharnée contre l’inflation et la corruption, sans une gestion transparente des finances publiques, le FC restera perçu comme fragile, au mieux une monnaie de transition, au pire une monnaie subie.
Les réformes de Wameso sont nécessaires, courageuses et même historiques. Mais elles devront s’accompagner d’une pédagogie forte, d’une communication claire et surtout d’une cohérence entre la parole et l’action. Car la meilleure publicité du Franc Congolais, ce ne sont pas les slogans : c’est la stabilité des prix dans les marchés de nos quartiers, c’est la confiance des ménages qui épargnent en FC, c’est la certitude pour un entrepreneur qu’il ne sera pas ruiné par la volatilité monétaire.
Le Franc Congolais peut redevenir un symbole de fierté et de souveraineté. Mais il ne le sera que si chaque Congolais, du vendeur ambulant au grand investisseur, le considère comme une valeur sûre. Le défi est immense, mais l’histoire jugera si ces sept réformes marquent le début d’une véritable renaissance monétaire.
Journal OWANDJI