Performance des secteurs clés de l’économie de Goma

 


1. Agriculture, commerce et tourisme : un trimestre sous tension

Le troisième trimestre 2025 a mis à rude épreuve les secteurs structurants de l’économie de Goma.
Dans l’agriculture, les épisodes de pluies torrentielles et les inondations survenues dans les zones rurales de Masisi et Nyiragongo ont fortement perturbé les récoltes. De nombreux agriculteurs ont vu leurs rendements chuter, notamment dans les cultures vivrières (maïs, haricot, manioc). Malgré tout, des initiatives communautaires et des coopératives agricoles ont tenté de stabiliser la production en introduisant des techniques de résilience climatique et de stockage amélioré.

Du côté du commerce transfrontalier, la conjoncture s’est révélée contrastée. Si le volume des échanges avec le Rwanda et l’Ouganda a légèrement progressé grâce à la reprise des flux de marchandises au poste de la Petite Barrière, la fluctuation de la demande et la dépréciation du franc congolais ont pesé sur les marges des commerçants. Les importations de produits manufacturés ont connu une hausse, tandis que les exportations locales – notamment agricoles – peinent encore à suivre le rythme faute d’infrastructures logistiques adaptées.

Le secteur touristique, quant à lui, a montré des signes encourageants malgré un contexte politique et environnemental fragile. Les sites naturels du parc des Virunga et du lac Kivu ont vu revenir progressivement des visiteurs, soutenus par des campagnes de communication régionales et le développement du tourisme écologique. Néanmoins, les contraintes sécuritaires et la volatilité de la situation dans le Nord-Kivu continuent de limiter l’afflux international.

2. Industrie locale : Reprise ou stagnation ?

L’industrie locale de Goma se trouve dans une phase d’évaluation. Si l’on note des avancées dans certaines branches  notamment l’agro-industrie, la transformation du café et du cacao, ou encore la boulangerie-pâtisserie moderne la majorité des PME industrielles font encore face à des obstacles structurels.

Les coûts élevés de l’énergie, l’accès limité au financement et la rareté des matières premières locales freinent la productivité. Malgré cela, quelques entreprises pilotes ont su tirer parti de partenariats avec des investisseurs privés et des institutions de microfinance pour moderniser leurs équipements ou numériser leurs chaînes de production.

Le débat reste ouvert : s’agit-il d’une véritable reprise industrielle ou d’une stagnation masquée par quelques réussites isolées ? L’avenir de l’industrialisation à Goma dépendra de la capacité des autorités à stimuler les investissements, à renforcer les zones industrielles et à soutenir l’entrepreneuriat local par des politiques incitatives.

3. Le rôle de l’innovation dans la croissance économique

Face aux contraintes économiques et structurelles, l’innovation apparaît comme un moteur décisif de la croissance locale.
De jeunes entrepreneurs gomatraciens misent sur le numérique, la valorisation des déchets, l’agritech et les solutions énergétiques alternatives pour répondre aux besoins d’un marché en mutation. Des initiatives comme les incubateurs locaux et les programmes de formation au digital (soutenus par des opérateurs tels qu’Airtel, Cisco et Cybastion) contribuent à l’émergence d’une nouvelle génération d’acteurs économiques.

Cette dynamique traduit une évolution profonde : l’économie de Goma ne repose plus uniquement sur le commerce et l’agriculture, mais commence à s’ouvrir à l’entrepreneuriat technologique et à la création de valeur ajoutée locale. Toutefois, pour que cette innovation devienne un véritable levier de croissance, il faudra renforcer la collaboration entre les secteurs public, privé et académique, et créer un environnement propice à la recherche et à l’investissement.

Conclusion : un trimestre de transition

Le troisième trimestre 2025 aura donc été un moment de vérité pour l’économie de Goma. Entre pressions climatiques, contraintes structurelles et élans d’innovation, la ville se trouve à un point charnière.
Les efforts conjoints des acteurs économiques, des autorités locales et des partenaires internationaux détermineront si Goma pourra transformer cette période de turbulences en véritable opportunité de relance durable et inclusive.