Réactions des entreprises face aux fluctuations économiques : témoignages et stratégies

Alors que l’économie de Goma traverse une période de turbulences marquée par les variations des prix, la baisse du pouvoir d’achat et les aléas climatiques, les entreprises locales ont dû redoubler d’ingéniosité pour s’adapter. Notre enquête, menée auprès d’une trentaine d’entrepreneurs issus des secteurs du commerce, de l’agroalimentaire, du tourisme et des services, met en lumière les stratégies de résilience et d’ajustement mises en œuvre durant le troisième trimestre 2025.

1. Entreprises en mode survie : l’art de la flexibilité

Pour de nombreuses petites et moyennes entreprises, le mot d’ordre a été l’adaptation rapide.
Face à la baisse du pouvoir d’achat et à la volatilité des prix des matières premières, plusieurs commerçants ont opté pour des réductions de coûts opérationnels, en ajustant leurs stocks et en renégociant leurs partenariats d’approvisionnement.

« Nous avons dû revoir nos volumes d’importation et privilégier les fournisseurs régionaux », explique Jean-Bosco, grossiste au marché Virunga. « Cela nous a permis de limiter les pertes liées aux variations du taux de change. »

Les micro-entrepreneurs du secteur alimentaire ont, pour leur part, introduit de nouvelles gammes de produits à bas prix pour maintenir leur clientèle. Certains ont également expérimenté des ventes groupées ou partagées pour réduire les coûts logistiques.

2. Gestion de crise et diversification des activités

L’enquête révèle que près de 60 % des entreprises interrogées ont cherché à diversifier leurs activités pour amortir les chocs économiques.
Les acteurs du tourisme, par exemple, ont développé des offres locales ciblant la clientèle congolaise, moins dépendante des flux internationaux.

« Nous avons lancé des formules “week-end au lac” et des circuits courts pour les familles de Goma », témoigne Sandrine M., responsable d’une agence de voyage. « Cette approche nous a permis de rester visibles malgré la baisse des visiteurs étrangers. »

Dans le domaine industriel, certaines PME ont misé sur la transformation locale des produits agricoles pour réduire leur dépendance aux importations. L’essor des micro-unités de production dans la boulangerie, la savonnerie et la transformation des fruits témoigne d’un mouvement d’ancrage dans l’économie locale.

3. Renforcement des capacités et digitalisation

L’autre tendance forte observée est la digitalisation progressive des entreprises.
Plusieurs structures ont adopté des outils numériques pour gérer leurs ventes, suivre leurs stocks ou promouvoir leurs produits sur les réseaux sociaux. Les plateformes locales de commerce en ligne et les solutions de paiement mobile (notamment Airtel Money et M-Pesa) ont joué un rôle clé dans cette transition.

« Les outils numériques nous ont permis de garder le contact avec nos clients, même pendant les périodes d’incertitude », confie Patrick K., propriétaire d’un atelier de couture. « Nous recevons désormais des commandes directement via WhatsApp ou Facebook. »

Parallèlement, des programmes de formation en gestion et en entrepreneuriat organisés par des ONG et des incubateurs locaux ont aidé les entrepreneurs à renforcer leurs compétences. Les thématiques les plus demandées concernent la planification financière, la gestion des risques et la stratégie commerciale.

4. Les leçons d’un trimestre difficile

Cette enquête met en évidence la résilience du tissu économique de Goma. Malgré les pressions extérieures et les incertitudes locales, la plupart des entrepreneurs interrogés se disent confiants dans l’avenir à moyen terme, à condition que certaines priorités soient adressées :

  • Un meilleur accès au financement pour les petites entreprises ;
  • Une stabilité macroéconomique et monétaire ;
  • Un appui technique accru à la production locale et à la transition numérique.

En somme, ce trimestre a démontré que l’économie Gomatracienne, bien que vulnérable, dispose d’un potentiel d’adaptation remarquable. Derrière chaque initiative, chaque ajustement stratégique, se dessine la volonté des entrepreneurs de transformer la crise en opportunité.