Quand la pluie révèle nos failles
La pluie d’hier n’a duré que quelques heures, mais ses conséquences continueront de hanter les familles de Kimbanseke et de Mont-Ngafula pendant longtemps. Trois vies fauchées, des habitations effondrées, des biens emportés, et des routes devenues de véritables ravins : une fois de plus, Kinshasa s’est réveillée sous le choc, plongée dans une douleur que rien ne semblait annoncer, mais que tout rend tristement prévisible.
Car à chaque saison des pluies, notre capitale nous renvoie la même réalité, brutale et implacable : il suffit d’une forte pluie pour mettre le pays à genoux. Les quartiers se transforment en torrents, les avenues en coulées de boue, et les familles les plus vulnérables en victimes toutes désignées. La météo n’est pas en cause : ce sont nos choix collectifs, nos silences, nos laissez-faire, qui préparent ces drames.
Kimbanseke et Mont-Ngafula paient aujourd’hui le prix d’années d’urbanisation chaotique, d’absence de drainage, d’érosion non maîtrisée, et d’une croissance démographique dénuée d’accompagnement. Les chantiers abandonnés, les constructions anarchiques sur des pentes instables et les caniveaux constamment obstrués composent le décor de la catastrophe.
La pluie n’a fait que révéler les failles déjà présentes.
Les routes de Kinshasa, quant à elles, n’ont pas résisté. Plusieurs axes désormais impraticables coupent la ville en deux, paralysant la mobilité, renchérissant le coût des transports et compliquant même l’accès aux secours. Comment expliquer qu’une capitale de plus de quinze millions d’habitants continue d’être surprise par un phénomène aussi prévisible que la pluie ?
Ce drame doit être plus qu’une statistique de plus dans la longue liste de catastrophes urbaines. Il doit être un appel à un sursaut collectif. L’État, les autorités locales, mais aussi les communautés doivent repenser l’aménagement de nos quartiers, renforcer les mesures de prévention, protéger les zones à risque et exiger des travaux publics durables, pas seulement cosmétiques.
